LE FINANCEMENT D’IMMEUBLES SEMI-COMMERCIAUX ET COMMERCIAUX

En tant qu’investisseurs immobiliers, nous avons la possibilité d’une multitude d’investissements : les flips, la location avec option d’achat, les chalets locatifs, les immeubles à revenus, etc. Même dans la catégorie des immeubles à revenus, nous retrouvons différents types d’immeubles. En effet, lorsque nous pensons à la détention d’immeubles locatifs, nous pensons souvent d’abord à des multilogements composés d’appartements. Il existe cependant une autre catégorie qui peut s’avérer très intéressante : celle des immeubles commerciaux ou semi-commerciaux. Qu’il s’agisse d’un multilogement comportant des appartements, mais également des commerces au rez-de-chaussée, ou encore d’un immeuble entier accueillant des bureaux, il est important de bien comprendre les particularités de ce type d’immeuble, surtout au niveau du financement, le sujet qui nous intéresse dans cet article.

Avant de se lancer

Avant de décider d’investir dans ce type d’investissement, il est préférable d’avoir une certaine expérience avec les multilogements étant donné les risques plus élevés afférents aux locataires commerciaux. Les locataires commerciaux sont beaucoup plus enclins à être affectés par les fluctuations économiques que les locataires résidentiels. Lorsqu’une crise survient, les individus doivent continuer à se loger et c’est la dernière dépense qui sera affectée. Cependant, les entreprises sont souvent les premières à être affectées et devoir fermer leurs portes. Si par exemple, un immeuble comporte six logements ainsi qu’un grand commerce au rez-de-chaussée et que le locataire de ce dernier doit partir, il est beaucoup plus ardu de lui trouver un remplaçant que de trouver un locataire pour l’un des logements. De plus, c’est bien souvent une grande partie des revenus qui viendrait de s’envoler. Il faut donc être capable de supporter l’absence de revenu, et ce, sur une plus longue période.

LA MISE DE FONDS ET LES RÈGLES DE QUALIFICATION

Lors de l’achat d’un immeuble semi-commercial ou commercial, il faut s’attendre à devoir mettre une plus grande mise de fonds. En termes de pourcentage de financement, nous parlons généralement de 65 à 70% et, dans certains cas, pouvant aller jusqu’à 75%. Il faut donc considérer cela dans le calcul de notre retour sur investissement.

Les règles de qualification d’un immeuble semi-commercial ou commercial sont assez similaires à ce qui est requis pour un prêt SCHL pour un multilogement. En premier lieu, la qualification est basée sur l’immeuble lui-même. Nous allons calculer la valeur économique, c’est-à-dire, les revenus moins les dépenses normalisées, ce qui nous donne un revenu net. La différence se situe au niveau de la normalisation qui sera calculée différemment. Autre différence, la valeur nette minimum de 25%, requise en financement de multilogement, n’est pas nécessaire dans ce type d’immeuble, pourvu que nous démontrions la disponibilité de la mise de fonds.

L’incidence des locataires sur la valeur de l’immeuble

Critère très important en financement d’immeuble semi-commercial ou commercial : la qualité des locataires. Quand nous parlons de qualité des locataires, nous parlons de leur classement en termes de fiabilité, d’historique de paiement, etc. Le classement se fait dans 3 catégories : A, B et C. Si nous parlons d’un locataire A, nous avons par exemple des organismes gouvernementaux, des grandes chaînes de restaurants comme Subway ou Tim Hortons, des bureaux de professionnels, comptables, dentistes ou autre, etc. Les locataires de type B seront par exemple les casse-croûtes, les nettoyeurs, les salons de coiffure, etc. Pour finir, les locataires de type C seront, entre autres, les locataires temporaires, les mini-entrepôts, les bars, etc.

Si nous reprenons notre exemple plus haut, un immeuble de 6 logements ainsi qu’un commerce au rez-de-chaussée, le type de commerce présent aura un impact majeur sur le financement que nous pourrons obtenir. Pour le même immeuble, si notre locataire est une SAQ, organisme gouvernemental et considéré très fiable, le financement pourrait être de 75% de la valeur sur 25 ans. Alors que si notre locataire commercial est un dépanneur de quartier, ou encore un réparateur d’électroménagers usagés, le financement serait probablement de 70% de la valeur maximum amorti sur 20 ans, ou encore seulement 15 ans. C’est donc un élément sur lequel on doit porter une attention particulière lors de l’analyse d’un immeuble étant donné qu’une meilleure qualité de locataire va permettre d’obtenir un meilleur financement.

Au-delà de la qualité du locataire, il est extrêmement important de vérifier la durée du bail. En commercial, nous nous attendons à avoir des baux d’une durée de 5 ans, souvent renouvelable 3 fois. La date d’échéance du bail est un autre élément primordial à considérer. En effet, si nous convoitons un immeuble avec un locataire de catégorie A, mais dont le bail vient à échéance dans quelques mois, cela vient compromettre la valeur de l’immeuble du point de vue du financement. Si une telle situation se produit, il peut être judicieux de contacter le vendeur avec qui nous négocions et demander à pouvoir négocier nous-mêmes le renouvellement du bail du locataire commercial. Si le vendeur refuse, ce serait probablement un signe que le locataire a l’intention de quitter à la fin de son bail. Normalement, lorsque nous parlons de locataires commerciaux, le propriétaire sera prévenu 6 mois avant la fin du bail advenant la résiliation de ce dernier.

Les types de baux

Il existe trois différents types de baux en commercial : brut, net et triple net qui auront un impact significatif sur les dépenses reliées à l’immeuble.

Dans le cas d’un bail brut, c’est le propriétaire qui paie toutes les dépenses.

Pour ce qui est du bail net, le propriétaire paie la majeure partie des dépenses et certaines dépenses sont partagées avec le locataire. Dans la plupart des cas, le locataire commercial va payer un pourcentage des taxes municipales et scolaires, correspondant au pourcentage de l’immeuble que son local représente. À la fin de l’année, le locataire va payer le montant correspondant, c’est ce que nous appelons la récupération.

Enfin, avec un bail triple net, c’est le locataire qui paie toutes les dépenses : assurances, taxes scolaires et municipales, énergie, etc. Les montants de ces dépenses sont ajoutés en sus au montant du bail. Nous restons responsables de contracter les assurances, d’effectuer les paiements de taxes, etc., même si les montants sont remboursés en totalité par le locataire, encore une fois il s’agit de récupération.

Le financement SCHL

Les immeubles commerciaux à 100 % ne se financent pas à la SCHL. Pour ce qui est des immeubles semi-commerciaux, il est possible de les financer à la SCHL, mais sous certaines conditions. Le local commercial doit représenter 30% ou moins du pied carré total de l’immeuble et les revenus doivent représenter 30% ou moins de la valeur totale des revenus de l’immeuble. On doit aussi compter au minimum 5 logements résidentiels dans l’immeuble. L’avantage est que la SCHL offre de meilleurs taux d’intérêt et qu’il est possible d’amortir le prêt sur 30 ans.

En conclusion

Lorsque nous faisons de la prospection d’immeuble à revenus, il ne faut pas s’arrêter devant un immeuble commercial ou semi-commercial, mais bien tenir compte des particularités de celui-ci. En effet, avant même de chercher à obtenir du financement, il faut s’assurer que notre expérience et notre situation financière nous permettent de supporter l’immeuble en cas d’absence de revenus à la suite du départ d’un locataire. Il est important de prévoir la mise de fonds en conséquence des critères et s’intéresser à la qualité des locataires, au type de bail ainsi qu’à sa durée, tous des éléments ayant un impact sur la valeur de l’immeuble et sa rentabilité.

Tiré d’une entrevue de Jocelyn Grégoire avec Peter Quinn, Courtier hypothécaire commercial.


2 Comments

  1. Frédérick T.

    novembre 7, 2022 at 7:37 pm

    Si j’ai des questions supplémentaires, Est-il possible de vous contactez par courriel ou téléphone?

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  2. Helen G.

    janvier 24, 2023 at 12:13 am

    Nice post.

    Reply

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